分享

斯蒂格勒的哲学和人生 4:逆熵之路

 碧海蓝天kx32di 2021-12-21

受到熊彼特、马克思、恩格斯,还有洛特卡、鲁道夫・克劳修斯的启发,贝尔纳尔・斯蒂格勒(Bernard Stiegler)分析了他称之为药(pharmakon)的机制:

技术既是解药,也是毒药——作为熵,也作为一种创造性破坏(destruction créatrice)。

来源 | 伊萨贝乐・瓦戴尔诺(Isabelle Waternaux)

瞥一眼斯蒂格勒的著作目录,可以看到这位哲学家倾尽一生构造的一堆新颖的词汇——

冲扰(disruption)、获能(capacitation,注:来自阿马蒂亚・森所说的能力 capability)、体外化(exosomatisation)、心智化(noétisation)、逆熵世(néguentropocène)、逆人类熵世 (néguanthropocène,又译负人类世)。

在他的思想体系中,用这些词才能表达崭新的观念,其中蕴藏了斯蒂格勒以全然不同的原则改造社会的深切愿望。

对,我造了一大堆词。但孔狄亚克说过:一门科学首先是一种语言。
不管是哲学的发明、科学的发明,还是艺术的发明,总在于生产新词汇。这很正常。
正是因为任何人都可以搞哲学,哲学确实应该如此,而不应该使用形式语言(langages formels,指数学、逻辑和信息科学中,用精确的数学或机器可处理的公式定义的語言)。那是一个错误。

为了这个目的,必须革新我们社会基于消费主义、资本主义的深层机制。

于是,冲扰和衰弱(décadence)的阶段,就可以作为过渡,来改进我们思考和行动的模式,从而进入一个后人类世的时代,走向合作、投资、本地和关心的时代——逆熵世。

斯蒂格勒属于把技术和创新放在人类社会发展的核心的那些哲学家。

但发展不是进步的同义词,因为它太依赖于破坏式创新,而斯蒂格勒正是把技术、数字化和万维网这些解药-毒药称为药。

我们处于一个巨大的知识的危机中。知识完全被冲扰、被社会中创新带来的破坏性的加速所超越。
谷歌的创始人是有哲学观点的,属于那些制造着多种技术性知识(savoirs technologiques)的形式的人——这些知识的形式尚未成型,所以极其危险。

他在著作《什么是包扎式地思想?》(Qu’appelle-t-on panser ?)中重提海德格尔的用语,阐述了这些行为有时候治疗(soigner,注:有治疗、照顾等意)着我们,有时候则毒害着我们。

那么,怎么在个人和集体的层面上学习治疗,既治疗自己,也互相治疗呢?

他从德里达和《柏拉图的药》(La pharmacie de Platon)里重拾的这些药,不只是来自时代的终结(fin des âges)的一些理论原则:

他还将这些原则应用、实施到了塞纳-圣-德尼省这样的城镇区域里进行的大规模实验中。

更为深刻的是,他的研究方法还建立在力学、热力学这些物理学科的基础上,将其原则紧密联系到社会现象上。

根据斯蒂格勒,这样从物理学科里挪用概念,其可行性是完全正当的、有生命力的、逻辑严密的。

他把萨迪・卡尔诺、克劳修斯和薛定谔的工作变为一块沃土,从中发展了自己的观念,并脚踏实地付诸实践。

在他的表达中居于核心的,是逆熵世:

自然产生的熵(entropie naturelle)通过数字化、万维网和大众消费,造成了冲扰,而逆熵世就是对此展开的回应。

我们艺术-工业协会(Ars Industrialis)认为要重新定义熵和逆熵(néguentropie)的问题。
要达到这个目的,就要重新定义技术的位置。
就像洛特卡说的,我们通过体外化,也就是我们的人工器官、人造物(artifices)制造了熵。

原文

Épisode 4 : La voie néguentropique

S’inspirant de Joseph Schumpeter, Marx et Engels, ou encore Alfred Lotka et Rudolf Clausius, il analyse les mécanismes de ce qu’il nomme le pharmakon : la technique comme remède et comme poison, l’entropie et la destruction créatrice.

Portrait du philosophe Bernard Stiegler· Crédits : Isabelle Waternaux

Un seul regard à la bibliographie de Bernard Stiegler révèle nombre de termes nouveaux, innovants, que le philosophe a édifié au long de sa vie : disruption, exosomatisation, capacitation, noétisation, néguentropocène avec un e, néguanthropocène avec un a et un h. Dans son système de pensée, ces mots permettent d’exprimer des idées neuves, portées par la motivation profonde de Bernard Stiegler de refondre la société sur des principes radicalement différents.

Oui, j’ai créé un grand nombre de termes. Mais Condillac l’affirmait ; une science est avant tout une langue. L’invention, qu’elle soit philosophique, scientifique, ou artistique repose toujours sur la production d’un vocabulaire nouveau. Et c’est normal. Au nom du fait que la philosophie devrait être accessible à tous, et elle doit l’être, il ne faudrait pas qu’elle utilise des langages formels. C’est une erreur. Bernard Stiegler

Pour y parvenir, il faut rénover la mécanique profonde de nos sociétés, basées sur le consumérisme et la capitalisation. La phase de disruption, de décadence peut alors servir de transition pour améliorer nos modes de penser et d’agir, pour entrer vers une ère post anthropocène, tournée vers la coopération, l’investissement, le local et le soin, qu’il nomme le néguentropocène. Bernard Stiegler fait partie des philosophes pour qui la technique et l’innovation sont au cœur du développement des sociétés humaines. Mais développement n’est pas synonyme de progrès, car trop fondé sur l’innovation destructrice, et c’est sous le terme de pharmakon que Bernard Stiegler nomme ces remèdes-poisons que sont les technologies, le numérique et le web.

Bernard Stiegler: Nous sommes dans une immense crise du savoir. Le savoir complètement dépassé par la disruption, par l’accélération destructrice des innovations dans la société. Le fondateur de Google, qui a une thèse en philosophie, fait partie de ces gens qui produisent des formes de savoirs technologiques extrêmement dangereuses parce qu’inachevées.

Reprenant la formule de Heidegger, il montre dans son ouvrage Qu’appelle-t-on panser ? que nous sommes tantôt soignés, tantôt intoxiqués par ces pratiques. Alors, comment apprendre au niveau individuel et collectif à soigner, se soigner, nous soigner ? Ces pharmaka, qu’il reprend de Derrida et de La pharmacie de Platon, ne sont pas juste des principes théoriques issus de la fin des âges : il les applique et les met en oeuvre à travers de grandes expérimentations en territoire urbain comme en Seine Saint-Denis.

Plus profondément, sa méthodologie s’appuie également sur les disciplines de la physique, de la mécanique, de la thermodynamique, pour en tirer des principes qu’il plaque sur des phénomènes sociaux. La viabilité de telles transpositions conceptuelles par-delà les disciplines est tout à fait raisonnable, féconde et rigoureuse, selon le philosophe, qui prélève dans les travaux de Sadi Carnot, Rudolph Clausius ou Erwin Schrödinger un terreau fertile pour développer ses idéaux et mettre en oeuvre ces actions sur le terrain. Au cœur de sa démarche : la néguentropie, en déployer en réaction à l’entropie naturelle qui entraîne la disruption, à travers le numérique, le web, la consommation de masse.

Bernard Stiegler: Avec Ars Industrialis, nous soutenons qu’il faut redéfinir les questions d’entropie et de néguentropie. Et pour cela, il faut redéfinir la place de la technique. Comme le disait Alfred Lotka, nous produisons de l’entropie par l’exosomatisation, autrement dit, par nos organes artificiels, des artifices.

    本站是提供个人知识管理的网络存储空间,所有内容均由用户发布,不代表本站观点。请注意甄别内容中的联系方式、诱导购买等信息,谨防诈骗。如发现有害或侵权内容,请点击一键举报。
    转藏 分享 献花(0

    0条评论

    发表

    请遵守用户 评论公约